La reprise
Mais que s’est-il passé ?
Non votre serviteur n’a pas fait
d’overdose de musique et rejoint Kurt, Jim, dans un hypothétique quelque part.
Non, votre serviteur s’est retrouvé happé par la vie familiale, le temps et
l’énergie me manquèrent pour alimenter ce journal.
Presque six mois auront, donc,
été nécessaires pour s’y remettre. Six mois où j’ai observé mes filles grandir entre
coup de gueules et émotions, où j’ai admiré ma chère et tendre achever sa thèse
et la soutenir avec maestria, où notre famille s’est retrouvée réunie et unie
loin de tout en Chine pour trois semaines d’un voyage pas simple mais riche en
belles images, où j’ai vu un piètre retour des Breeders à
Alors aujourd’hui je vais essayer
de réenclencher ce journal. Mais par où attaquer ?
Tout d’abord mon rapport à la
musique change. Est-ce l’âge ? Où le manque de temps ? Mais la course
à la nouveauté, aux groupes de 20 ans qui vont changer la face du monde avec
leurs trois accords et devant lesquels la presse s’agenouille et qui trois ans
plus tard ont complètement disparu, me lasse un peu. J’ai vécu ces six derniers
mois dans un esprit de retour aux fondamentaux. Pas forcément en écoutant
uniquement des groupes des années 66 / 71, mais aussi des groupes qui
traversent les époques et les modes. Prendre le temps d’arrêter cette course et
de se plonger dans sa propre discothèque.
Mais comme le fait remarquer Ma
Chère et Tendre il serait temps d’arrêter de couper les cheveux en quatre,
d’ergoter, pour savoir qui des Rolling Stones, Beatles, Beach Boys, Doors ou
Who sont les plus importants, essentiels à mes yeux et pour l’histoire de la
musique. Dont acte, je ne développerais pas le
fait que les Beatles sont hors concours, onze albums, en dix ans, historiques,
révolutionnaires et magnifiques, que le disque Pet Sounds des Beach Boys (ou plutôt de Brian Wilson) est le seul
album à pouvoir lutter, à lui seul, face à la discographie des Beatles, que les
Doors, qui ont produit en cinq ans six albums magistraux, restent mes chouchous
pour leur côté hors normes, hors la loi. Et je passe pour les Rolling Stones,
c’est pas ma tasse de thé, à part la chanson Miss You sur l’album Some
Girls, c’est la seule chanson disco du groupe, c’est dire !
Donc, j’arrête là mes
sempiternelles questions existentielles et me replonge dans une autre partie de
ma discothèque, pas très éloignée, la pop anglaise post 1980. Et je me dis
qu’un pèlerinage à Manchester serait à prévoir, non pas pour son architecture
ou ses plages ensoleillées (il n’y en a pas !), mais une ville qui a vu
naître le meilleur de la pop mérite bien ce déplacement. Imaginez, The Smiths,
The Stone Roses, Oasis, ils viennent de là ils
viennent de Manchester (sans parler des Joy Division / New Order, Happy
Mondays, Badly Drawn Boy, et bien d’autre !). Et c’est dans cette ville qu’Eric
Cantona passa du stade de joueur de foot à demi-dieu… ! Alors voilà depuis
plusieurs mois je navigue entre ces trois groupes qui dans la continuité des
Beatles font évoluer la pop vers des cimes mirifiques. Et je ne saurais que
trop vous inviter à acheter rapidement la nouvelle compilation des Smiths qui
est extrêmement bien faite, elle fût supervisée par Johnny Marr, tout y est
avec quelques perles, en concert, en plus. Et bien évidemment ruez vous sur le
dernier Oasis, je ne suis pas très objectif, mais il est énorme, il n’y a que
des tubes, Liam écrit des chansons aussi belles que celles de Noel, et Noel
impressionne toujours par son aisance dans sa facilité à composer des petites
symphonies pops. Un gros son, une basse très présente, une batterie musclée et
fine à la fois (c’est le fils de Ringo Star, batteur des Beatles !), des
guitares tranchantes et gonflées à bloc et un chant arrogant, rentre dedans et
parfois haut perché (Noel), un très bon Oasis, definitely maybe !
L’écriture de cet article fût un
peu laborieuse, mais j’espère que la machine est relancée. J’ai encore plein de
pépites dans ma discothèque dont j’aimerais vous convaincre d’y jeter une
oreille comme ceux, par exemple, pour persister dans le retour sur les
indispensables, de Josephine Wiggs Experience (1996) et de Dennis Wilson,
troisième frère des Beach Boys dont l’unique et magnifique album solo, Pacific Ocean Blue, de 1977, vient
d’être réédité cette année, et sera certainement et paradoxalement dans mon top
ten de cette année.